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LES SECRETS MERVEILLEUX
du
PETIT ALBERT

Part 2.

This edition by Joseph H. Peterson, Copyright © 2002, 2003, 2006. All rights reserved.

NOTE: the editor does not endorse or recommend any of the recipes found in this book. -JHP




[132] que vous envelopperez de cire vierge, & vous la mettrez dans l'oreille gauche d'un cheval, il tombera par terre comme s'il étoit mort; & aussi-tôt que vous l'aurez ôtée, il se relevera plus gaillard qu'il n'étoit au paravant; il ne faut pourtant pas la laisser longtems, de peur que cela ne nuise au cheval.

Pour se rendre invisible par le moyen d'un anneau.

On rapporte du fameux Gigés, qu'il parvint au trône de la Lidie par le moyen d'un anneau magique, qui le rendant invisible, lui donna la facilité de commettre adultere avec la reine & de tuer le roi. Les sages cabalistes nous ont laissé la méthode de fabriquer des anneaux qui ont pareillement la vertu de l'invisibilité. Il faut entreprendre cette opération importante un jour de mercredi du printems sous les auspices de Mercure, lorsque l'on connoîtra que cette planete sera [133] en conjonction avec une des autres planetes favorables, comme la Lune, Jupiter, Vénus ou le Soleil; & ayant de bon mercure fixé & bien purifié, on en formera une grosse bague qui puisse entrer facilement dans le doigt du milieu de la main, on y enchassera dans le chaton unt petite pierre que l'on trouve dans le nid de la huppe, & on gravera autour de la bague les paroles suivantes:

Jesus passant + par le milieu d'eux + s'en alloit +;
puis ayant posé cette bague sur une plaque de mercure fixé, laquelle sera faite en forme de petite palette, on fera le parfum de mercure, comme il est marqué ci-devant, & on exposera trois fois de suite la bague sur la palette dans la fumée du parfum, & l'ayant enveloppée dans un morceau de tafferas de la couleur convenable à la planete, on la portera dans le nid de la huppe d'où on a tiré la pierre, & on la laissera durant neuf jours, & quand on la tirera, on fera encore le parfum [134] comme la premiere fois: puis on la gardera précieusement dans une petite boîte faite avec du mercure fixé pour s'en servir dans les occasions. La maniere de s'en servir n'est autre que de mettre cette bague à son doigt, en tournant la pierre en dehors de la main: elle a la vertu de tellement fasciner les yeux des assistans, que l'on est en leur présence sans être vu. Et quand on veut être vu, il faut tourner la pierre en dedans de la main, & fermer la main en forme de poing. Porphirius [Porphyry] & Jambic [sic. Iamblichus], Pierre d'Abano & son maître Agrippa, soutiennent qu'un anneau fabriqué en la manier dont on voit ici la figure représentée, a la même vertu & propriété. Il faut prendre des poils qui sont au-dessus de la tête de la furieuse hyene, on en fait de petites tresses avec lesquelles on fabrique l'anneau comme on le voit ici, & on le porte pareillement dans le nid de la hupe durant neuf jours, & l'on fait les parfums comme [135] il a été dit précédemment sous les auspices de Mercure; on s'en sert de

même que celui qui est fait avec de mercure, excepté qu'on l'ôte absolument du doigt quand on ne veut pas être invisible.

Pour n'étre point trompé & fasciné par l'anneau d'invisibilité.

Comme il n'y a point de poison dans la nature qui n'ait son antidote, la sage providence du Créateur ayant fait toutes choses avec poids & mesure, [136] ne permit point de prestige qui n'ait son remede. Si l'on veut donc se précautionner contre l'effet de l'anneau cabalistique de Mercure, on aura une bague composée en la maniere suivante. On formera un anneau avec du plomb affiné & bien purgé en la façon qu'on l'a expliqué à l'endroit ci-devant où l'on a parlé des talismans, des nombres mystérieux, des planetes; & dans le chaton de cette bague de plomb on enchassera un œil de jeune belette qui n'aura porté des petits qu'une fois, & sur le contour de la bague on gravera les paroles suivantes: Apparuit Dominus Simoni. La fabrique de cette bague se fera un jour de samedi, lorsque l'on connoîtra que Saturne sera en opposition avec Mercure: on fera trois fois le parfum du samedi, on enveloppera la bague dans un morceau de linceul mortuaire, & l'on l'enterrera dans un cimetiere, on le laissera pendant neuf jours; puis l'ayant retiré, on fera

LE CIEL

[137] trois fois le parfum de Saturne, & l'on s'en servira. Ceux qui ont inventé cet anneau, ont raisonné sur le principe de l'antipathie, qui se trouve entre les matieres qui composent ces deux anneaux qui ont des effets si opposés; en effet, il n'y a rien de plus antipathique à la hyene que la belette. Et Saturne est presque toujours rétrograde à Mercure; ou quand ils se rencontrent dans le domicile de quelques-uns des signes du Zodiaque, c'est toujours un aspect funeste de mauvaise augure.

Pour faire d'autres anneaux mystérieux sous les auspices des sept planetes, qui attirent leurs influences à ceux qui les portent.

On a supposé ci-devant que chaque planete à son métal affecté & approprié à sa constitution célests. Pour donc procéder avec ordre à la fabrique des anneaux dont nous voulous ici parler, nous dirons qu'il n'est pas [138]

...

[146]

Quel a été le sentiment des sages philosophes au sujet des talismans & figures mystérieuses.

Les sages qui se sont appliqués à découvrir les origines des noms que l'on a donné aux choses, & sur-tout à celles qui renferment quelque chose d'extraordinaire, disent que le nom de talisman est un mot hébraïque, qui signifie image mystérieuse, quelques-uns ont dit que ce mot de talisman est contre-tiré sur le mot grec telesma, qui signifie grande perfection; d'autres lui donnent son origine de ces deux mots latins, talis mens; d'autant que quand on est expert dans la science cabalistique, on peut faire des talismans selon sa pensée, selon ses intentions, & comme on les souhaite: ce qui est bien ex primé par ces deux mots latins. Or, quoi qu'il en soit de l'étymologie de ce nom, il est certain que origine des talismans & l'usage des figures mystérieuses nous sont venus [147] des Egyptiens & des Chaldéens, qui étant très-savans dans la spéculation des astres, en avoient pénétré toutes les vertus & efficacités de leurs influences, & en avoient fait une science pratique dont l'usage les mit en grande réputation; & les Hébreux qui allerent en Egypte lorsque Joseph la gouvernoit sous le regne de Pharaon, apprirent d'eux cec mysteres; & ils s'y perfectionnerent par la fréquentation qu'ils eurent avec les Chaldéens qui firent les figures célestes, pour attirer les influences des astres, parce qu'ils faisoient ou vertement profession d'observer leur cours, la diversité de leurs aspects & leurs conjonctions, pour en tirer des pronostics qui leur servoient à régler leur vie & leur fortune.

Ils inventerent un systême céleste, où ils rangerent les autres sous divers corps fantastiques pour fixer les veux & l'imagination sur la disposition de ces corps célestes, ils distribuerent les planetes dans plusieurs cieux, avec [148] une judicieuse subordination des inférieures, ou supérieurs, comme on le peut voir dans cette grande figure que j'ai fait graver. Ils firent la distinction des signes qu'ils déterminerent sous des figures des animaux, qui avoient la sympathie naturelle avec les influences des astres, & ce fut l'occasion & l'origine de la distinction qu'ils en firent sous les noms du taureau, du bélier, du capricorne, de l'écrevisse, du lion, des scorpions, des poissons, &c. avec lesquels ils marquerent les espaces du ciek, que le Soleil & la Lune parcourent.

On donna depuis le nom de Zodiaque à tout cet espace ainsi distingué, qui est un mot dérivé du grec Zoon, qui signifie animal, à cause que ces animaux & ces figures tirées de divers sujets vivans, marquoient les assemblages d'étoiles qui composent ces signes adoptés.

Les plus curieux d'entre les savans des Grecs s'appliquerent à cette science [149] mystérieuse, & y réussirent avec tant de succès, que les plus beaux génies des autres nations venoient se former sous leur direction; ce qui est un grand préjugé, qu'il y a quelque chose de solide & de vraisemblable dans les opérations de cette science: d'autant plus, que la nature même semble l'autoriser par quelques productions merveilleuses que l'on ne peut pas nier, j'entends parler de ces figures hiéroglyfiques que l'on voit naturellement empreintes sur des pierres, sur des coquilles, sur des animaux, & qui ont des rapports tout-à-fait surprenans, avec les figures dont elles sont ornées.

Crollius, qui n'est pas un auteur à mépriser, fait remarquer, que la plupart des plantes & des pierres métalliques un peu hors du commun, ont, ou en leur couleur, ou en leur figure, des marques, des propriétés & des usages auxquels elles peuvent être propres; le Créateur l'ayant ainsi disposé [150] pour les rendre utiles aux hommes par la sympathie qu'elles ont avec les corps célestes. Ce même auteur remarque que, si les Hébreux ne se sont pas servis dans leurs talismans des figures naturelles, ce n'étoit que parce qu'étant zélés observateurs de la loi qui défendoit toutes sortes d'images, ils ne vouloient pas y contrevenir, & d'autant plus que Moyse avoit trouvé dans les noms divins de Jeova, de Sabaoth, de Tategrematon [sic], d'Eloim, &c. des vertus merveilleuses, qui suppléoient au défaut des figures; & c'est pourquoi ils composoient leurs talismans de ces saints noms & des oracles tirés de la loi, & se persuadoient, par l'expérience qu'ils en faisoient, qu'ils avoient la vertu de les préserver des maux qu'ils appréhendoient, & de leur procurer les avantages qu'ils souhaitoient quand ils les portoient sur eux, gravés sur les métaux qui ont de la convenance avec les astres qui répandent leurs [151] influences sur les corps sublunaires.

Ceux qui voudront approfondir dans cette science des talismans & figures mystérieuses, y feront beaucoup de progrès, s'ils s'appliquerent à la lecture des ouvrages de Jean Lheureux, chanoine d'Aire en Artois, imprimé à Anvers, par le soin, du sieur Chifflet, sous le titre de Disquisitio antiquaria de gemmis Basidianis, seu Abraxio Apistophistos. On trouvera ici le modele d'un talisman pour être fortuné au jeu & dans négoce; il a été composé par le fameux Arbatel, qui dit qu'on le doit faire en cette figure.

[152]

Vous aurez une pique ronde de mercure fixé, bien purifié & bien poli, & vous choisirez durant toute la saison du printems un mercredi, auquel vous observerez la constellation de Mercure, en une situation favorable, [153] c'est-à-dire, en bon aspect avec Jupiter ou Vênus, ou en conjonction avec le Soleil ou la Lune; vous y imprimerez d'un côtê l'êtoile de Mercure, comme elle est ici reprêsentêe, & de l'autre, les mots hêbreux que vous voyez pareillement ici gravês: & après l'avoir parfumê trois fois du parfum propre au jour de Mercure, vous irez l'enterrer dans un grand chemin, sous un gibet, & l'y laisserez durant sept jours: au bout desquels vous le retirerez & le conserverez pour votre usage, aprèz l'avoir parfumê derechef trois diverses fois du même parfum; & il sera bon tous les mercredis, avant le soleil levê, de rêitêrer le parfum de Mercure.

Un cêlebre auteur de notre tems dit, qu'il n'y a point de talisman qui ne se rapporte ou à l'astrologie, ou à la mêdecine, ou à la religion, ou même à toutes trois ensemble; car on y voit les figures, au naturel ou en [154]

...

[162] chacune des herbes suivantes; feuille de rue, de sureau, de ronces & de sauge franche; vous ferez bouillir tout cela ensemble à bien petit feu, jusqu'à la diminution du quart, & puis le coulerez bien promptement dans un linge double ou à la chausse; & l'ayant mis dans un bocal de verre fort, bien bouché, vous en boirez à jeun tous les matins durant neuf jours le tiers d'un demi-septier, & par ce moyen vous serez à l'épreuve du mauvais air, quand bien même vous fréquenteriez les pestiférés. Ceux qui seront déja frappés du mal contagieux, ajouteront à ce breuvage le jus d'une racine de buglose & de scabieuse, où ils délaieront de bonne thériaque, & ils se purgeront par-là du venin mortifere. Et ceux qui auront le charbon en évidence, pileront des feuilles de ronces, de sureau, avec graine de moutarde, & en feront une espece de cataplasme sur le charbon, & moyennant l'aide de Dieu, ils guériront.

[163]

Pour faire tomber les dents pourries sans douleur.

Faites infuser dans du fort vinaigre de petites racines de mûrier noir; après les avoir bien concassées, vous y ajouterez, gros comme une petite feve, de vitriol romain, & vous exposerez cela au soleil d'été durant quinze jours dans un bocal de verre fort; ensuite de quoi vous les retirerez & les ferez sécher dans un pot de terre vernissé, avec un lézard verd, dans un four médiocrement chaud, le pot étant bien couvert; & vous en ferez une poudre, de laquelle vous mettrez sur la dent gâtée, & elle la déracintera & tombera en peu de tems.

Pour guérir des arquebusades ou autres, tant vieilles que nouvelles, sans onguent ni charpie.

Vous ferez une déccoction de ce que je vais vous marquer ci-après; prenez de l'aristoloche ronde, le poids de [164] deux écus, graine de laurier, autant d'écrevisses d'eau douce séchées au four, & qu'elles aient été prises en pleine lune, musc en poudre, le poids d'un écu, l'herbe appellée brunelle, autrement consoude moyenne, le poids de quatre écus. Il faut que cette herbe soit cueillie avec ses fleurs, & séchée à l'ombre entre deux linges. Vous réduirez toutes ces drogues en poudre, & après les avoir bien mêlées, vous les mettrez dans un sacher de toile neuve, qui soit sousu ou lié avec un fil; puis vous aurez un pot de terre neuf vernissé, dans lequel vous mettrez votre sachet, avec une vingtaine de petites branches de pervenche & trois chopines du meilleur vin blanc que vous pourrez trouver, & après avoir bouché votre pot avec trois ou quatre feuilles de papier, ensorte que la vapeur n'en sorte point, vous le mettrez au feu de charbon, & le ferez bouillir tant que vous puissiez croire que la décoction est diminuée du tiers; pour [165] lors vous le retirerez du feu, & l'ayant laissé refroidir, vous coulerez la décoction dans un double linge fin, & la mettrez dans un bocal de verre fort, pour vous en servir dans le besoin; prenez garde sur-tout que le bocal soit si bien bouché, qu'il ne puisse prendre vent.

Voici de quelle maniere on s'en sert pour la guérison des plaies. Vous aurez une petite seringue d'argent, qui sera toujours bien pure & nette, afin de vous en servir pour les plaies qui seront creuses, lesquelles il faudra panser trois fois par jour en cette sorte: vous nettoyerez doucement la plaie avec un petit linge blanc de lessive, imbibé de la décoction, puis vous seringuerez trois ou quatre fois de la décoction dans la plaie, & vous la couvrirez d'un petit linge fin qui soit imbibé de cette décoction, & la couvrirez d'un morceau de feuille de chou rouge, & mettrez sur cette feuille encore un linge mouillé de la décoction, [166] en forme de compresse, & banderez légérement la plaie, qui viendra à guérison en peu de tems. Prenez garde de la bien nettoyer à mesure qu'elle se fermera, afin de ne pas laisser le loup dans la bergerie.

Autre au même sujet.

J'ai été témoin avec étonnement de la prompte maniere avec laquelle un soldat polonois guérit, sans aucuns médicamens, un de ses camarades blessé de deux coups d'épée, qui étoient mortels. Il commença par laver bien sa bouche & ses dents avec de l'eau-de-vie, puis avec de l'eau de rose, afin d'avoir l'haleine douce & sans mauvaise odeur; puis s'approchant du malade, il découverit sa plaie qui étoit toute sanglante, & l'ayant bien nettoyée en la lavant avec eau de plantain, il en étancha tout le sang, en la pressant doucement & l'essuyant avec un linge imbibé d'eau de plantain; puis approchant sa bouche de

[Figure

[167] la plaie, ensorte que son haleine pouvoit réfléchir dessus, il prononça les paroles suivantes, en faisant le signe de la croix sur la plaie, comme il est ici marqué: Jesus-Christ est né, + Jesus-Christ est mort, + Jesus-Christ est ressuscite, + Jesus-Christ commande à la plaie que le sang s'arrête, + Jesus-Christ command à la plaie qu'elle se ferme, + Jesus-Christ commande à la plaie qu'elle ne fasse ni matiere, ni puanteur, + ainsi qu'ont fait les cinq plaies qu'il reçut en son saint corps + .... puis il continua à dire: Epée, je te commande, au nom & par la puissance de celui à qui toutes créatures obéisaent, de ne faire non plus de mal à cette créature, que la lance qui perça le sacré côté de Jesus-Christ, étant pendu à l'arbre de la croix: Au nom du Pere + & du Fils + & du Saint-Esprit. + Amen.

Si la plaie perce de part en part, il faut faire la même cérémonie de l'autre côté, & on la couvre d'une compresse [168] imbibée d'eau de plantain, que l'on renouvelle de douze heures en douze heures, & le malade reçoit une prompte guérison.

Autre merveilleux pour guérir l'entorse du pied.

Il faut entreprendre cette guérison le plutôt que l'on peut, & ne pas donner le tems à l'inflammation, & l'entorse sera subtilement guérie. Celui qui fait l'opération doit déchausser son pied gauche, & s'en servir pour toucher trois fois le pied malade, en formant des signes de la croix avec ce même pied gauche en prononçant les paroles suivantes. A la premiere fois, il dire Antè, + à la seconde fois, Antè te, + à la troisieme fois, super antè te. + Le pied malade doit être touché au-dessus de l'entorse; & on s'en sert aussi-bien pour guérir les chevaux que pour guérir les hommes.

Ceux qui s'aviseront de taxer de superstition ces sortes de manieres de [169] guérir, doivent savoir que de plus habiles gens qu'eux onx donné leurs approbations à des secrets de médecine qui tiennent autant du merveilleux, & dont les causes sont autant cachées que de ceux-là. Qui est-ce, par exemple, qui pourra expliquer par des raisons bien plysiques, ce que j'ai lu dans un livre de secrets, imprimé à Paris, avec approbation & privilege, qu'un remede infaillible pour guérir l'insomnie ou le trop grand assoupissement, c'est de prendre un gros crapaud, & d'un seul coup séparer la tête du corps, puis faire sécher cette tête? & comme il arrive toujours que des deux yeix de cette tête, quand elle est séparée, il y en a un ouvert & l'autre fermé, la personne qui doit dormir, doit porter sur soi l'œil fermé, & la personne qui est trop assoupie & qui veut veiller, doit porter sur soi l'œil du crapaud qui est ouvert. De plus, quelle merveilleuse propriété la poudre de crâne [170]

...

[216] de quelque tems on découvre le vaisseau & on ôte une petite croûte que l'on trouve sut la surface, que l'on mettra de côte; puis le reste de sa matiere sera comme de petites glaces qu'il faudra laver avec de l'eau fraîche, & les mettre sécher sur une table à l'ombre; puis on le mêlera avec les petites pierres que l'on aura mises en réserve en faisant la coulaison; ensuite vous prenez trois livres de tartre de lie de vin blanc calcinée, & les délairez dans un grand chauderon avec trente pots d'eau de forge bien clarifiée; ajoutez-y huit onces de sel nitre & une once de présure de lierre, vous y mettrez vos pierrettes & vos glaces séchées, & vous ferez bouillir le tout ensemble comme vous avez fait ci-devant; & quand la composition sera diminuée de tiers, vous y mettrez la croûte que vous aurez ôtée de dessus la surface du vaisseau deterre; & vous continuerez de le faire bouillir jusqu'à ce que, par la même [217] épreuve que ci-devant, vous connoissiez que le tout soit bien cuit; puis vous garnirez un petit tonneau de plusieurs bâtons en croix d'espace en espace, ensorte que les premiers bâtons que vous mettrez au fond en soient éloignés de quatre doigts de hauteur, pour donner lieu aux ordures qui s'y précipitent; cela étant ainsi disposé, vous fermerez bien le tonneau & l'enfouirez dans du fumier chaud l'espace de quinze jours, pour donner lieu au borax de s'attacher & se congeler autour des bâtons; & par cette maniere vous l'aurez multiplié de plus de quatre fois autant, & l'épreuve vous fera voir qu'il est aussi bon que celui qu'on a apporté des pays étrangers.

Pour contrefaire les véritables perles d'Orient.

Vous prendrez quatre onces des plus belles & plus blanches semences des perles que vous pourrez trouver: les plus grosses sont les meilleures; [218] vous les concasserez, & les ferez dissoudre en eau d'alun la plus pure & la plus nette, puis vous les pêtrirez l'espace d'un quart-d'heure avec une espatule d'ivoire, & quand la pâte sera en consistance, vous la laverez doucement avec de l'eau de pluie distillée, puis ayant fait évaporer cette eau sur les cendres chaudes, vous les pêtrirez de nouveau avec de l'eau de fleurs de feves; ensuite vous mettrez cette pâte dans un petit vaisseau de verre fort, bien bouché, & quand il aura été durant quinze jours en digestion dans le fumier chaud, vous formerez des perles avec cette pâte dans un moule d'argent: il sera bon d'observer que le moule contienne quatre ou cinq casses pour y former autant de perles, & qu'elles ne soient pas toutes de la mâme figure, c'est-à-dire, qu'elles soient un peu plus ou moins rondes les unes que les autres, afin de mieux imiter les naturelles; on les percera pendant qu'elles sont molles, avec

[Figure

[219] un poil ou soie de pourceau des plus gros. Vous les suspendrez dans un alambic bien bouché, de peur que l'air ne les altere, & vous les ferez cuire de la sorte en mettant l'alambic au feu de sable modéré; quand il y aura été environ six heures, vous en retirerez les perles, & les ayant enveloppées toutes séparément dans un morceau de feuilles d'argent du plus fin & moins altéré, vous fendrez un barbeau, & ayant vuidé les entrailles & étanché le sang, vous y mettrez les perles & ferez une pâte de ce barbeau sans beurre avec de la farine de feves, & le ferez cuire au four.

Quand vous tirerez vos perles du ventre du barbeau, si elles vous paroissent n'avoir pas assez de lustre, vous les laverez cinq à six fois de suite avec eau distillée des drogues suivantes, & de l'herbe nommée graculi, des fleurs de feves, de l'alun de roche en poudre, de la litharge d'argent, des feuilles de plantain pilées, & un [220] pen de salpêtre; enfin pour les durcir comme les naturelles, vous ferez une pâte comme je vais dire; prenez une once & demie de bonne calamine, une once de vitriol romain, six blancs d'œufs, que vous battrez avec eau de plantain durant un demi-quart-d'heure, & vous mêlangerez le tout ensemble dans un alambic; & de l'eau qui en distillera, vous en formerez une pâte avec de la farine d'orge passée au tamis de soie, & vous envelopperez vos perles dans un petit linge blanc, vous les ferez cuire au four dans cette pâte, & soyez persuadé que si vous observez toutes ces choses avec exactitude, vous aurez des perles d'un grand prix, que les plus habiles jouailliers auront peine à distinguer des naturelles.

[221]

Pour contrefaire du musc qui sera jugé aussi exquis que le naturel oriental.

Vous aurez une voliere ou petit colombier bien exposé au soleil levant, dans un lieu gai, vous mettrez six pigeons pattus, des plus noirs que vous pourrez avoir, & tous mâles, & vous commencerez aux trois derniers jours de la lune à donner la semence d'aspic, au lieu d'autres graines qu'on donne ordinairement aux pigeons, & au lieu d'eau commune, vous leur donnerez à boire d'eau rose. Puis au premier jour de la lune, vous les nourrirez de la maniere suivante; vous aurez une pâte composé de fine farine de feves, environ le poids de six livres, que vous pêtrirez avec de l'eau rose & les poudres ci-dessous spécifiées; savoir, des fleurs de spica nardi, de calami aromatici, de chacun six drachmes, de bonne canelle, de bons clous de girofle, de noix muscades & de gingembre, chacun [222]

....

[254]



SECRETS
MERVEILLEUX,
Lesquels se doivent prendre & composer
dessous les influences des étoiles,
pour guérir en peu de tems les
infirmitiés ci-dessus écrites.

Secret admirable pour se conserver toujours en santé, souvent mis en usage par sa majesté Charles V.

PRenez à l'heure du Soleil, comme auteur de la vie, quatre branches de rue, neuf grains de genievre, une noix, une figue seche, & un peu de sel; pilez le tout ensemble & le mangez à jeun en plusieurs fois.

Pour connoître si un malade vivra ou mourra.

Divers sont les jugemens qui se font d'aucuns, si un malade doit vivre [255] ou mourir; mais je publierai ce présent signe infaillible, duquel se pourra servir un chacun, & en faire un ferme jugement; prenez une ortie & la metrez dans l'urine du malade, incontinent après que la malade l'aura faite, & qu'elle ne soit point corrompue, & laissez l'ortie dans ladite urine l'espace de vingt-quatre heures; & après si l'ortie se trouve seche, c'est signe de mort; & si elle se trouve verte, c'est un signe de vie.

Pour se préserver de la goutte.

Ce mal est causé de Saturnr; prenez à l'heure de Mars ou de Vénus, l'herbe nommée marterica, que vous pilerez & mêlerez avec le jaune d'un œuf cuit en façon d'une omelette, & mangez-en à jeun, cela vous préservera tout-à-fait de la goutte.

Pour les fistules.

Ce mal est causé par Mars; prenez à l'heure de Saturne ou de Jupiter ses [256] ennemis, la racine de lireos mise en poudre, que vous mêlerez avec la cendre des huîtres brûlées, sain de pourceau, & vous l'appliquerez sur la fistule.

Pour lever les taches de la petite vérole.

Ce mal est causé par Mars; prenez à l'heure de la Lune, Mercure Saturne ou Jupiter, ses ennemis, litharge, racine de cannes seches, farine de pois chiches, farine de ris; pilez & mêlez avec l'huile d'amandes douces & graisse de mouton liquéfiée; & il en faut oindre le visage, & le laisser ainsi toute la nuit & la matinée; & le laverez avec de l'eau chaude.

Pour la pierre de la vessie.

Ce mal est causé de la Lune; prenez à l'heure de Mars ou Mercure, des scorpions, mettez-les dans un pot de terre neuf qui ait la bouche étroite, & le mettez dans un four qui ne soit pas trop chaud, l'espace de six [257] heures, puis l'ôtez, & en pilez subitement.

Aux douleurs de coliques.

Ce mal est causé de la Lune; prenez à l'heure de Mars ou Mercure, ses ennemis, le fruit de laurier, & en faites une poudre, & en donnez à boire le poids de deux drachmes, avec vin aromatique, cela ôtera la douleur.

Pour la difficulté d'uriner.

Ce mal est causé de la Lune; prenez à l'heure de Mars ou Mercure, ses ennemis, la feuille de semence du triolet, & la semence d'abrotanus, & les faites bouillir dans de l'eau; en laquelle décoction vous ajouterez une cantharide sans tête, pieds & aîles, mise en poudre; & en boirez une cuillerée, cela fera uriner.

Pour l'hydropsie.

Ce mal est causé de Saturne; [258] prenez à l'heure de Mars ou Vénus, ses ennemis, un faisan, tuez-le & en prenez le fang; donnez-en deux verres à boire, & le malade guérira infailliblement.

Pour les douleurs de l'estomac.

Ce mal est causé du Soleil; prenez à l'heure de Mars, Mercure ou la Lune, ses ennemis, une poule & la tuez, & levez dehors cette peluche qui se trouve dans le petit ventre, & en faites une poudre, la donnant à boire avec du vin, c'est un bon remede.

FIN.

[259]

Table de la levée du Soleil sur les dix-sept provinces.

[Table



[260]

Table de la levée du Soleil sur l'Italie & la France.

[Table





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