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France Votes Down the European Union Constitution




By Jean-Pierre Desmoulins
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May 30, 2005
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Les citoyens français viennent de dire "NON" à la constitution qui était soumise à leurs suffrages. J'ai entendu tellement de choses dans les médias, aussi bien français qu'internationaux, tant d'analyses de cette campagne pour le "NON" dans lesquelles je ne reconnais pas mon opinion, que je veux réagir.

D'abord, je dois dire que j'ai eu quelques difficultés à me décider. Comme les journalistes de Marianne, mon hebdo favori, j'étais poussé à voter "OUI" par de vieilles convictions européennes, et "NON" par une analyse stratégique. J'ai finallement voté "NON", les raisons logiques l'emportant sur les raisons de coeur.

Mon analyse de l'évolution actuelle de l'intégration européenne est qu'il y a eu deux phases. Pour faire simple, le changement est intervenu approximativement lorsque l'Angleterre a été admise dans l'Europe. Dans la phase un, le couple franco-allemand a imposé des buts politiques. Dans la phase deux, l'économie a été le but. Evidemment, l'économie comptait dans la phase un et la politique dans la phase deux, mais le centre même, le coeur ontologique de l'Europe a changé. La constitution proposé est seulement un moyen d'institutionaliser, d'une manière certes claire et intelligente, le minimum de structures politiques nécessaires pour pérenniser les buts économiques de la phase deux.

Les aspects économiques et politiques de cette constitution sont criticables.

Les choix économiques, sans les analyser ni les critiquer sous un angle "collectif contre libéral", ce qui est un peu passé de mode, laissent la porte ouverte à un problème futur de "coeur de métier", et cela entre ce que j'appelle les "producteurs" et les "vendeurs."

Les producteurs sont des pays, comme l'Espagne, la France, l'Allemagne, l'Italie (pour citer les principaux) où les secteurs primaires (agriculture, pêche) et secondaire (industrie) sont les principaux pourvoyeurs d'emplois. Les vendeurs sont les pays comme l'Angleterre, les pays qui bordent la mer du Nord ou la Baltique, où le secteur tertiaire (services) est le principal pourvoyeur d'emplois.

Les nouveaux pays membres de l'Europe qui viennent de l'ancien bloc soviétique sont un peu entre les deux, avec par exemple une tendance à se situer du côté des "producteurs" pour la Pologne et du côté des "vendeurs" pour la Hongrie. Pour plusieurs raisons, et notamment parce que leurs structures de productions sont largement obsolètes, ces nouveaux membres sont plus attirés par la sphère des "vendeurs." Objectivmement, le modèle économique, soutenu par le modèle linguistique (utilisation de l'anglais comme outil universel de communication dans les affaires) et le modèle culturel (efficacité des structures industrielles de production et de diffusion des produits culturels) crée une situation de dépendance de facto de ces pays à la techno-structure que constituent les entreprises américaines et anglaises.

Les producteurs européens sont menacés non seulement par les producteurs de cette structure, mais aussi - et cela de manière encore plus aigüe - par les producteurs des pays émergents de l'Est et du Sud de l'Asie.

Dans ce schéma stratégique, à long terme, les pays "producteurs" d'Europe vont perdre. Ils vont perdre leurs emplois (ce qui est déjà arrivé dans certains secteurs comme la confection). Dans un stade final, l'Europe va devenir une société de service pour les producteurs d'Asie. Et lorsque les pays d'Asie, ayant développé leurs systèmes éducatifs, vont pousser une partie de leurs emplois vers le secteur tertiaire, ce qui est le cas par exemple de l'Inde actuellement, l'Europe n'aura plus d'emplois, ni en production ni en services. Ce sera l'ère du déclin, avec quelques îlots de prospérité comme la City de Londres pour les services financiers ou d'assurance. C'est exactement le modèle historique du déclin de l'Espagne au 16eme et au 17eme siècle, à cause de la découverte et de la colonisation du nouveau monde. Les délocalisations d'aujourd'hui ne sont que des réinventions de l'esclavage de l'époque.

La constitution européenne proposée a pour but de donner à l'Europe, vis à vis du reste du monde, le rôle qu'ont eu pendant des siècles les villes du nord du continent par rapport aux pays du sud. cette situation crée beaucoup - vraiment beaucoup - de risques, avec une augmentation des besoins de transport de marchandises, et une augmentation du nombre des situations de crise potentielles : les guerres du pétrole du début du XXIeme siècle ne sont qu'un avant-goût de ce qui pourrait se généraliser si un tel modèle de développement était suivi. Les cités commerçantes d'Europe du Nord ne pouvaient être prospères que parce qu'elle s'appuyaient sur l'agriculture et l'industrie de leurs voisins. Les vendeurs ne peuvent pas exister sans des producteurs.

Le modèle politique proposé par la constitution est criticable. Certains disent "ce n'est pas une constitution mais un traité." Je rejoins cette opinion. Certains points précis sont inacceptables, et je n'en citerai qu'un : le fait que la mofidication de la constitution nécessite l'approbation de __TOUS__ les pays membres. Cela n'est pas acceptable. La constitution française peut être changée par "referendum," avec le vote de tous les citoyens, ou par un "congrès" réunissant les députés et les sénateurs. Une constitution doit laisser ouverte une telle porte de sortie pour autoriser à modifier ce qui ne fonctionne pas, ou sinon c'est tout comme dans certaines théocraties où l'on prétend supprimer la démocratie parce que, sous le règne de Dieu, il n'est pas nécessaire de changer quoi que ce soit.

Je pense donc que le fait d'arrêter le processus d'intégration de l'Europe selon ce modèle va forcer à mettre les problèmes sur la table. Cela va naturellement arriver après quelques moqueries contre ces "idiots de français," de la part des médias et de certains gouvernements, comme les USA, qui objectivement ont intérêt à voir l'Europe affaiblie dans ses capacités de production. Vu qu'il sera impossible de trouver une solution, dans le cadre des traités actuels qui régissent le fonctionnement actuel de l'Europe à 25, il sera nécessaire de trouver des solutions locales, c'est à dire de reconstruire un modèle d'intégration avec le même coeur que dans la phase un. Cela sera la phase trois. Ce mouvement viendra, à mon avis, de France, d'Allemagne, d'Espagne et d'Italie, certains petits pays pouvant s'y associer. Le challenge sera linguistique, industriel et politique. Si ces quatre pays décident d'adopter un "langage pivot" commun, qui pourrait être une langue comme l'IDO (une version moderne de l'Esperanto), s'ils décident de s'intégrer politiquement avec le but final de batir une constitution (une vraie), et si ils défendent leurs intérêts dans les domaines industriels et culturels, la pré-éminence du modèle anglo-saxon peut, en quelques décades, s'effondrer. La défaite morale et politique de la coalition Bush-Blair en Irak, qui pourrait se transformer rapidement en une situation intenable, pourrait, avec le "NON" français à la constitution, être le signal de ce changement.

Comme souvent en France, les révolutions viennent d'une conjonction entre un sentiment populaire, quelque peu difficile à exprimer pour ceux qui se sentent des victimes, et une analyse critique de la part d'élites éduquées. Le "NON" a été promu par des partis extrémistes, qui ont leurs racines dans les classes populaires, et par des penseurs dissidents de presque tous les partis. C'est, à mon avis, cette conjonction de pensée, mal comprise et commentée par les médias, qui l'a fait gagner le 29 mai.

Attendons un peu pour voir ce que nous réserve la phase trois...

Jean-Pierre Desmoulins

PS : Pas de grand changement sur mon site internet.
Voir la preuve, par l'angle convergent des colonnes 9, 16, 17 AA, du repliement vers l'avant des ailes d'un Boeing 757.
http://www.earth-citizens.net/pages-fr/deg-traj.html
A noter que le jeu de carte des activistes a maintenant dépassé les 400 liens...
http://www.earth-citizens.net/jeux/activists/index.html
Votre site internet n'y figure pas encore ?

============================ In english ===============================

French citizens have just said "NO" to the new constitution that was submitted to their vote. I have heard so many things, in both the French and international media, so many analyses of the "NO" campaign in which I don't see my opinion included, that I want to comment.

First, I had some difficulties in making my mind up. Like the journalists of MARIANNE, a weekly which I favor, I was induced to vote "YES" by my old European convictions, yet "NO" by logical analysis. I finally voted "NO," logic winning out over my heart.

My analysis of the current trend in European integration is that there has been two phases. To make it simple, the change happened approximately when the UK was admitted to Europe. In Phase One, the French-German pair imposed a political agenda. In Phase Two, an economic agenda was followed. Of course, economy was involved in Phase One and politics in Phase Two, but the inner core, the main ontological heart of Europe, has changed. The proposed constitution is just a way to set up - in a clear and intelligent way - the minimal political structures necessary to achieve the economic goals of Phase Two.

Both the economical and the political side of this constitution can be criticized.

The economic choices, without analyzing and criticizing them with some collective-vs.-liberal scheme which is outdated, open the door to a future problem in the heart of business itself, between what I call "producers" and "sellers."

Producers are countries like Spain, France, Germany, and Italy, (to name the main ones), where the primary (agriculture, fishing) and secondary (industrial) sectors are the main providers of employment.

Sellers are countries like UK, countries around the North and Baltic seas, where the tertiary (services) is the main provider of employment.

New members of Europe coming from the former Soviet Block are somehow half and half with, for example, a tendency to be among "producers" for Poland and among "sellers" for Hungary. For various reasons, more or less because their production structures are obsolete, these new members are more attracted to the sellers' sphere. Obviously, the economic model, which is backed by a linguistic model (using English as the universal business language) and cultural model (efficient U.S.-type industrial production and distribution structures) creates a de facto dependency of these countries on the American / English corporate structure. European producers are threatened not only by the producers of this corporate structure, but also - and mainly - by the producers of the emerging countries in East- and South-Asia.

In the long term, this strategic scheme will cause the producer countries of Europe to go only down. They will lose their jobs (which has already happened in some sectors like clothing). In the final stage, Europe will only be a service company for the producers of Asia. And when countries of Asia, having developed their education systems, will push some of their jobs towards the tertiary - which is the case, for example, in India right now - Europe will have neither production nor service jobs, just decline, with some islands of prosperity such as London, owing its financial and insurance businesses. This is exactly the declination model seen in Spain in the 16th and 17th centuries, due to the discovery and exploitation of the New World. De-localization of jobs today are just a new version of the slavery of that time.

The proposed European constitution aims at setting up Europe for the rest of the world in the same manner that centuries of trade had set up the big cities of northern Europe towards the inner and southern parts of the continent. This situation creates a lot, really a lot of risks, with an increasing need for transporting goods and an increasing number of potential crises: of war, of oil, in the beginning of the 21st century, are just examples of what could happen if such a model of development is followed. Northern European trading cities could be healthy if they relied on agriculture and the industry of their neighbors. Sellers can't exist without producers.

The political model of the proposed constitution can be criticized. Some say, "It's not a constitution; it's a treaty." I agree. Some points are not acceptable and I will just focus on one: the fact that modifying the constitution will require __ALL__ member countries to accept the change. This is not acceptable. The French constitution can be modified by a "referendum," with all citizens voting, or by a "congress" which is a joint assembly of "deputies" and "senators." A constitution must leave open an exit door to allow a fix of what doesn't work. Otherwise it's just like some theocracies that suppress democracy by pretending it to be God's will, so it's not necessary to change anything.

I think that stopping the integration process of Europe with this model will force the problem back onto the table. This of course will occur after some bashing of these "French nuts" by the media and by some governments like the USA, who objectively would find it in their interest to see Europe weakened in its production capabilities. As it will be impossible to find a solution in the actual model of the treaties which rule Europe at 25, it will be necessary to find local solutions, i.e. rebuild another integration model with the same core as in Phase One. This will be Phase Three. The movement will come, in my opinion, from France, Germany, Spain, and Italy, with some smaller countries associating. The challenge will be linguistic, industrial and political. If these four countries decide to adopt a common communication language, which could be something like IDO - a modern version of Esperanto - if they decide to integrate themselves politically with the final aim of building a common constitution (a real one), and if they fight for their own interests in the industrial and cultural fields, the Anglo-Saxon preeminence model can, in a few decades, just be trashed.

The moral and political defeat of the Bush-Blair coalition in Iraq, which could turn very fast into an unsustainable situation, could be, along with the French "NO" to the constitution, the signal of such a change.

As often in France, revolutions come from a conjunction of a popular feeling, somehow difficult to express for those who feel victimized, with critical analyses by an educated elite. The "NO" was promoted by extremist parties which have their roots in popular classes and by some dissident thinkers from nearly all other parties. In my opinion, it was this conjunction, so badly understood and commented upon by the media, which allowed the "NO" to win on May 29, 2005.

Now, let's wait and see for Phase Three, folks...

Jean-Pierre Desmoulins

PS : No major change on my web site.
See the proof, with the convergent angle of columns 9, 16, 17 AA, of the forward folding process of the wings of a Boeing 757.
http://www.earth-citizens.net/pages-en/dam-traj.html
Also note that the "activists card deck" has now more than 400 links.
http://www.earth-citizens.net/jeux/activists/index.html
Just check that your web site is listed there...

Editor's note: Congratulations to both the French and the Dutch for voting down this Constitution. It is an easing into the New World Order everyone. I hasten to inform you, however, that the elite will not allow this to go un-challenged. They will keep repeating this over time in an attempt to wear you down. they will also resort to economic difficulties in order to secure its acceptance. Therefore, you must be vigilant so they never succeed!

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